| |

De l’adoration des foules à l’abhorration des masses

mardi 23 août 2005

Devant la pression de mon innombrable public manifestant toujours plus bruyamment son désir de lire ma prose [1], je me vois contraint de mettre un terme à ce silence assourdissant qui emplissait mon blog tout entier depuis plus d’un mois. Me voilà donc revenu aux affaires comme on dit dans les milieux de tous bords [2]. Mais pour vous parler de quoi ? De mes vacances ? Je vois d’ici cette moue réprobatrice qui vous tord la commissure des lèvres et vous donne l’aspect d’une de ces montres molles chères à l’Ineffable. Je vous rassure tout de suite, malgré ma perversité insondable, il n’a jamais été dans mes intentions de vous infliger de mes errances estivales un compte-rendu circonstancié. Note bien, ami écrivain en herbe, pseudo-gratouilleur ou simple bloggeur du dimanche qu’un compte-rendu doit toujours être circonstancié. Si tu oublies circonstancié quand tu parles d’un compte-rendu, tu perds toute crédibilité de manière aussi instantanée que le café du même nom, et ta littérature, pour aussi brillante qu’elle soit, est ravalée au rang de lavasse immonde du même acabit que ledit café ; c’est là une constante immuable comme la hausse du baril ou la connerie de nos contemporains. Un compte-rendu doit toujours être circonstancié, une course-poursuite effrénée, et on doit toujours terminer un chapitre par "Il poussa la porte et entra".

Mais « Graisse ». [3]

De fait, si, dans ma grande magnanimité, j’ai décidé de vous épargner, c’est que mes errances estivales furent cette année particulièrement mornes et sans intérêt. Alors si tu veux lire des trucs sans intérêt, va sur le blog d’Alain Juppé (tiens, au fait, il existe encore, lui ? Remarque, je dis ça, mais en fait, je m’en fous...) et nous brise pas les roupettes.

Donc, je suis derrière, comme disait mon pote Shakespeare à sa femme de ménage hindoue quand il rentrait du marché après avoir acheté trois carottes et deux navets pour le pot-au-feu du soir. Mais pour vous parler de quoi alors ? Ben de rien. Juste vous dire. Pour le plaisir d’écrire. Distiller quelque connerie dans l’espoir de déceler une lueur d’intelligence, un semblant d’humanité. On en est réduit à ça, tous. Note bien. Essayer de déceler un peu d’humanité dans l’oeil de son prochain est le dernier bastion de l’intelligence. On est tellement entouré de navrances, cernés de toutes parts. De quel côté qu’on se tourne, partout, on ne rencontre que des yeux de veaux morts. Lobotomisés par la blancheur Persil et le poids des maux qu’ils sont tous ! [4] Et encore, je te parle pas des chiffres de la croissance qui sont pas aussi bons qu’ils auraient pu être mais mieux que s’ils étaient pires.

Enfin bref, ce petit épisode diffamatoire expectoré, je vais reprendre le cours de ma vie. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant de ses développements extraordinaires (et aussi de ses menues péripéties, sans quoi ça risque de devenir aussi désert que la libido de la Bernadette au Chi-Chi, ici)

Il poussa la porte et entra.

[1] Aux dernières nouvelles, ils étaient un. Enfin, une. Et ce n’était pas ma mère, ce qui n’a de cesse de m’étonner (vous pouvez vérifier mes dires ... comme quoi, hein, je me fais pas mousser à bon compte... Merci Folie, ça fait plaisir de se sentir apprécié.)

[2] Souvent, quand je pose une touche légère d’humour badin et sans prétention comme celle-ci, je me demande qu’elle est la proportion de mon lectorat qui l’a saisie ; car c’est si anodin que cela ne mérite certainement pas un commentaire et du coup, je reste dans l’expectative, un peu comme le bon roi Dagobert devant sa culotte à l’envers

[3] Il semblerait que l’auteur ait voulu dire "Mais je digresse". On lui pardonnera de s’être un peu oublié de la sorte (Note du relecteur)

[4] Oui, je sais, mes références datent un peu, mais depuis que j’ai décidé de cantonner ma télé à un rôle décoratif, ma vie a gagné en hygiène ce que mes références ont perdu en modernisme

|< << >> >|
  • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
    23 août 2005, par Ash

    Lorsque tu parles des yeux de veaux morts, c’est parceque tu es parti faire un stage d’équarrissage ?

    Bienvenue de retour à bord !

    • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
      24 août 2005, par jMax

      Ah ben si j’avais fait un stage d’équarrissage, je dirais pas que mes pérégrinations estivales furent mornes et sans intérêt... Je serais dans tous les cocktails à faire le malin :

      « Et vous mon cher, vous fûtes à Saint-Bart’ cet été ?
      — Ah non, c’est terriblement surfait... d’un ennui à mourir... on en vient presque à y rencontrer des gens de toutes conditions, savez-vous ?
      — A qui le dîtes vous, moi-même l’été dernier, j’y ai vu Laurence Boccolini... En maillot de bain ! Vous imaginez aisément ma stupeur. Pour ne pas dire plus, huhuhu... Inutile de vous dire que nous avons vidé la place sur l’heure.
      — Non cette année, je suis allé faire un stage d’équarrissage en Lozère... Un nouveau concept. Très hype. Du sang partout, des aspirateurs à cerveaux. Très gore. Tout à fait dépaysant. Et follement amusant ! »

  • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
    28 août 2005, par Folie Privée | URL
    Ah beh quand même hein.  :)
    • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
      29 août 2005, par Ash
      Qui sait, peut-être verrons nous un jour des aspirateurs à cerveaux en vente dans le télé achat matinal ?
  • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
    29 août 2005, par Ash
    méchant blog qui mange mes commentaires !!
    • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
      31 août 2005, par jMax

      C’est juste qu’il faut bien lui confirmer deux ou trois fois que tu veux vraiment poster et que t’as pas rédigé un commentaire juste pour t’entraîner à taper sur un clavier... C’est crédible ça ? Non, hein...

      Bon ben alors désolé...

  • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
    29 août 2005, par AMAR
    À te lire, on est reduit a assener une sentence definitive : l’(auto)adoration defoule et les masses (critiques ) arborent...un sourire aussi imperceptible que fugitif....scuse, je n’ai pas d’accent sur cette salete de clavier qwerty...AMAR de Toulouse
    • > De l’adoration des foules à l’abhorration des masses
      1er septembre 2005, par un couard anonyme
      tu peux traduire stp !